Par Émilie Rapoport- Rédactrice assurance santé
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Mutuelle obligatoire et prud’homme : quels sont les risques encourus par l’employeur ?

Lorsqu’un employeur ne respecte pas les obligations légales liées à la mise en place d’une mutuelle obligatoire pour ses salariés, il s’expose à des risques juridiques importants.

Cette obligation, inscrite dans la loi relative à la sécurisation de l’emploi de 2013, stipule que toutes les entreprises doivent fournir une assurance santé collective à leurs employés, financée au moins à 50 % par l’employeur. Le non-respect de cette obligation peut conduire à des litiges, souvent portés devant le conseil de prud’hommes.

Dans ce contexte, il est essentiel pour les employeurs de comprendre les implications légales et les sanctions potentielles qu’ils encourent en cas de manquement à cette responsabilité. Non seulement cela peut leur coûter de l’argent, mais aussi affecter leur réputation et leur relation avec leurs employés.

 

Absence de mutuelle d’entreprise : les sanctions en détail

Lorsqu’un employeur ne souscrit pas à une mutuelle santé d’entreprise obligatoire, il s’expose à des risques importants, bien que le Code de la Sécurité sociale ne prévoit pas explicitement de sanctions.

Cela peut donner lieu à un contentieux devant le Conseil des prud’hommes si la mutuelle obligatoire fait défaut.

 

Action des employés

Si un employé doit faire face à des frais médicaux importants, par exemple en cas d’hospitalisation, et qu’aucune mutuelle d’entreprise n’a été mise en place, ce dernier peut réclamer un dédommagement pour ces frais non couverts.

De plus, chaque salarié a le droit de bénéficier de la mutuelle dès son embauche et peut également revendiquer le maintien gratuit de cette couverture pendant sa période de chômage sous certaines conditions, grâce à la portabilité des droits. Il peut faire valoir ce droit à tout moment, ce qui prendre en défaut l’employeur. Ainsi, prud’homme et mutuelle obligatoire vont rapidement de pair.

Si la couverture proposée ne répond pas aux exigences minimales, les salariés peuvent également intenter une action aux prud’hommes pour la mutuelle d’entreprise.

Les conséquences d’un tel contentieux peuvent être lourdes pour l’entreprise, avec non seulement les frais de justice, mais également des dommages et intérêts qui peuvent affecter significativement les finances de l’entreprise.

 

Perte des avantages fiscaux

Les entreprises qui omettent de mettre en place une mutuelle par accord collectif, référendum ou décision unilatérale, risquent de perdre les avantages fiscaux et sociaux normalement associés à ces contrats collectifs. 

Pour se prémunir contre ces risques, il est conseillé aux employeurs de s’assurer de la conformité de leur couverture santé avec l’aide de professionnels. Cela leur permet de sécuriser leurs dossiers et d’éviter les éventuelles poursuites qui pourraient survenir en cas de non-respect des obligations légales.

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Mutuelle non conforme : les sanctions encourues par l’employeur

Lorsqu’un employeur met en place une couverture santé collective sans respecter les formalités juridiques nécessaires, il s’expose à divers risques légaux et financiers.

Pour être conforme, une mutuelle d’entreprise doit être instaurée via un accord collectif, un référendum, ou une décision unilatérale de l’employeur.

Elle doit également être responsable, collective, à adhésion obligatoire, et intégrer une contribution patronale suffisante pour être éligible aux avantages fiscaux et sociaux.

 

Qu’est-ce qu’une mutuelle d’entreprise responsable ?

Un contrat responsable doit respecter le parcours de soins coordonnés, ce qui signifie que les assurés sont encouragés à suivre les orientations de leur médecin traitant pour optimiser leurs parcours médicaux.

Le contrat doit également être conforme au panier de soins minimal que nous avons évoqué plus tôt (forfait hospitalier, forfait optique, remboursement des consultations, etc.).

À l’heure actuelle, environ 95 % des contrats sur le marché sont responsables, une omniprésence qui s’est rapidement installée grâce aux incitations fiscales et sociales.

En effet, les contributions des employeurs à ces contrats sont exonérées de charges sociales et les cotisations sont déductibles du bénéfice imposable de l’entreprise. De plus, la taxe spéciale sur les conventions d’assurance est réduite pour les contrats responsables, passant de 14 % à 7 %.

 

Contrat non-conforme et redressement par l’URSSAF

Un contrat non conforme peut entraîner un redressement par l’URSSAF, ainsi que des sanctions de la part de l’administration du travail ou du juge prud’homal. Les erreurs typiques incluent :

  • le non-respect du panier de soins minimal
  • le manque de responsabilité du contrat
  • l’absence d’une contribution employeur d’au moins 50 % des cotisations.

Ces manquements peuvent remettre en question la déduction fiscale des cotisations versées au titre de la couverture santé des salariés.

De plus, les employeurs risquent de faire face à des redressements significatifs. Les cotisations peuvent être réintégrées dans le bénéfice imposable de l’entreprise et soumises à des charges patronales supplémentaires.

 

Comment choisir une mutuelle d’entreprise conforme ?

Pour faire le bon choix en matière de mutuelle d’entreprise obligatoire, il est important de vous renseigner auprès d’experts et de sites spécialisés. Pour en savoir plus à ce sujet, vous pouvez consulter notre article sur le cadre légal de la mutuelle d’entreprise.

 

Le respect des dispenses de la mutuelle d’entreprise obligatoire

Quand bien même l’employeur se doit de couvrir ses employés et de veiller à ce qu’ils disposent tous d’une mutuelle santé, il doit aussi connaître et respecter les cas de dispense, lorsque ceux-ci sont légitimes. Autrement, il s’expose à des sanctions.

Les salariés peuvent demander une dispense d’adhésion dans plusieurs cas, tels que :

  • Déjà couverts par une autre mutuelle (par exemple, via le conjoint),
  • Prix de la mutuelle égal ou supérieur à 10 % de la rémunération,
  • Bénéficiaires de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS),
  • CDD ou temps partiel sous certaines conditions,
  • Situation de multi-emploi.

Les salariés doivent formuler leur demande de dispense par écrit, souvent accompagnée des justificatifs nécessaires pour prouver leur éligibilité à la dispense.

De son côté, l’employeur doit informer les salariés de leur droit à demander une dispense et traiter les demandes de manière conforme. Il doit également veiller à ce que l’information soit accessible et comprendre les cas de dispense autorisés par la mutuelle de l’entreprise.

 

Quelles sanctions en cas de non respect ?

Si un employeur ne respecte pas les règles concernant les dispenses, il peut être sujet à des sanctions financières. Cela peut inclure des amendes administratives pour non-conformité avec les obligations légales.

Les salariés peuvent porter réclamation devant le Conseil de prud’hommes pour la mutuelle obligatoire, s’ils estiment que l’employeur a injustement refusé une dispense de mutuelle. Cela peut entraîner des dommages et intérêts en faveur du salarié si l’employeur est en faute.

 

Conformité et négociation de la mutuelle d’entreprise

Il est important pour l’employeur de négocier sa mutuelle d’entreprise pour s’assurer que les garanties proposées répondent non seulement aux exigences légales mais aussi aux besoins des employés.

Une bonne négociation garantit également que les termes du contrat sont clairs et compris par toutes les parties, ce qui réduit le risque de malentendus ou de non-conformité.

Pour en savoir plus à ce sujet, consultez notre contenu dédié à la négociation du contrat de mutuelle d’entreprise.

 

Rappel : les dates à retenir

Deux dates sont à retenir au sujet de la mise en place de la mutuelle d’entreprise obligatoire pour tous les salariés.

>> 1er juillet 2014 : toute entreprise, qui ne disposait jusque là d’une mutuelle santé que pour une partie de ses employés, a l’obligation d’étendre la couverture à tous ses salariés.

>> 1er janvier 2016 : les entreprises du privé, quelle que soit leur taille, doivent généraliser la complémentaire santé à tous leurs salariés d’après la loi sur la mutuelle d’entreprise (dite “loi ANI”). La mutuelle collective doit avoir un certain seuil de qualité et proposer notamment : 

  • 100 % de la base des remboursements des consultations et actes médicaux remboursables par l’Assurance Maladie
  • 125 % de la base de remboursement sur les prothèses dentaires
  • Remboursement intégral du forfait journalier hospitalier
  • Un forfait optique de 100 € par an pour une correction simple et jusqu’à 200 € pour des verres complexes

L’entreprise doit également prendre en charge au moins 50% du financement de la mutuelle santé d’entreprise.